Lentement je me suis enfoncé dans l’océan de mon âme. A chaque pas l’eau noir et nauséabonde me montait le long de mon corps. Rien ni personne n’aurait pu m’arrêter. J’étais conscient  que j’allais vers la mort, j’avais trop mal, je souffrais. Mon cœur donnait des coups de butoir dans ma cage thoracique, comme si il voulait en sortir.

Mon esprit était en ébullition, les mots et les idées se livraient une bataille sans merci. Des images d’horreur défilaient devant mes yeux ; des corps déchiquetés, sanglants. Je voulais arrêter ça mais je me sentais tellement impuissant devant ce carnage. Puis petit à petit la rage de ces scènes envahit mon âme.

Je n’eu plus pied mais je n’en avais cure, je me laissais enfoncer dans cette eau d’amertume, me disant « je veux mourir ».

Pourquoi elle est partie ? Pourquoi me laisse-t-elle seule avec mes démons ? Pourquoi est-elle indifférente à ma douleur ? Souffre-t-elle aussi de cette séparation ? Fait-elle l’indifférente pour cacher sa tristesse ? Ne lui ai-je pas donné se qu’elle attendait ?

Cherche-t-elle ailleurs se que je ne peux lui donner?

Une torture incessante broie mon corps déjà endolorit par le froid. L’air me manque ! J’étouffe ! Il m’a fallu longtemps pour toucher le fond. J’y suis ! Et je me complais dans la vase putride de mes pensées. Je me vautre dans la boue, mes douleurs s’estompent !

Puis, au bout d’un moment une voix résonne dans mes oreilles « Maître je suis là ! Je ne vous abandonne pas ! Je vous aime ! Revenez ! Je suis votre soumise à jamais ! J’ai besoin que vous me guidiez ! »

Dans ma tête le combat se termine par une trêve, un pacte est fait. Les mots et les idées se rassemblent, les cadavres sont enterrés, la terre de ce champ morbide boit lentement le sang répandu. L’ordre règne dans mon âme. Je remonte à la surface suivant une douce lueur.

Je sors, enfin, la tête. Je respire à nouveau ! La lueur se fait lumière éblouissante ! C’est Elle ! Ma douce ! C’est sa voix qui m’a guidé !

Elle est là ! Belle comme une orchidée dans l’aurore ! A genoux, sur la plage de cette mer immonde.

Mon cœur s’apaise, le soleil revient sur le champ des combats, les soldats se sont rangés en ordre parfait. Je peux à nouveau remettre mes sombres cogitations à la place qu’il leur incombe.

Je retrouve mon courage et me lève ; non pas comme un zombie mais avec la même superbe qu’avant. Je n’ai aucunes rancoeurs, j’ai retrouvé ma Douce.

Elle est là, belle, soumise, yeux baissés, à mes pieds. « Je n’ai pas voulu vous faire du mal Maître, j’ai été inconsciente des mes actes. Punissez moi comme je le mérite ! »

Oui tu seras punie, tu sais que c’est ma façon de te dire « Je t’aime » !

 Mais pour l’instant présent, trop content de la revoir je la prend dans mes bras et bois les larmes de ses yeux.

Rohan